
Passion Rhums Bielle est un groupe Facebook créé fin 2021, et qui comprend à ce jour plus de 1.800 membres, une belle réussite !
Cela faisait déjà quelques temps que Gaston, son créateur, avait en tête le projet d’un embouteillage dédié au groupe et à ses membres.
De son côté, Mika (Swell De Spirits), souhaitait à nouveau embouteiller un Bielle vieilli après le 2015 de la série Wonders of the World #15 (voir ici).
Le So Rhum 2023 a été l’occasion pour les deux passionnés de se rencontrer et de sympathiser. Et c’est tout naturellement que l’idée de fusionner leurs projets respectifs est venue alimenter la discussion.
Après plusieurs échanges avec RVMG (société créée en 1989 par les dirigeants des 3 distilleries de l’île, puis reprise en 1993 par Dominique Thiery, dirigeant la distillerie Bielle : quelques détails supplémentaires dans cet article), les 2 compères se sont rendus sur place fin novembre 2024, afin d’y rencontrer Jacques Larrent (maître de chai) et Jérôme Thiery (actuel directeur de la distillerie, et neveu de Dominique Thiery).

Ces derniers avaient présélectionné 2 fûts de 2014 ex-Bourbon, et le choix du duo visiteur s’est porté sur le fût #71, qui présentait un meilleur équilibre en bouche.

L’opportunité de sélectionner un 2008 s’est également présentée (pour Gaston, c’est un millésime qui lui tenait particulièrement à cœur), mais aucun des fûts proposés ne les a véritablement convaincus.

Mais avant de repartir des chais RVMG, il leur restait une fiole vide … et Gaston a alors demandé à Jacques, le maître de chai, s’il pouvait leur faire gouter un autre fût. Il leur a proposé un 2012, et ce fût alors un véritable coup de cœur unanime.
A l’origine, seuls quelques litres pouvaient être cédés, mais à force de tractations et en conclusion d’âpres négociations, ils ont finalement pu acquérir l’intégralité de ce fût #264.
A l’heure où j’écris ces lignes, les 2 fûts sont encore dans les chais RVMG, prêts à être soutirés, puis transportés et embouteillés (prévision pour juin/juillet). Mais j’ai eu l’occasion de pouvoir gouter les échantillons ramenés fin novembre (merci messieurs).
Les notes ci-dessous ne tiennent donc pas compte des derniers mois avant l’embouteillage, et les degrés affichés ne sont encore que provisoires.
Merci à Gaston pour les détails de l’histoire …

RVMG 2014 – 11 ans – 53,5°


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L’entame est marquée par une légère fraîcheur mentholée qui s’accompagne de réglisse douce et sucrée.
La consistance est amenée par la poudre d’amandes, la noisette et la crème pâtissière.
On est à mi-chemin entre une frangipane et un gâteau basque bien moelleux.
La canne fraîche est bien présente, quoi que discrète. Tout comme le chocolat au lait et le boisé léger et vanillé.
Une légère fumée vient clôturer l’ensemble, sans prendre le dessus à aucun moment.


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Un premier contact plutôt aqueux, mais qui s’épaissit rapidement en bouche.
Il se charge de vanille grasse, tapisse la bouche d’une couche huileuse.
Le menthol et la réglisse rafraîchissent un alcool un poil vif au départ et un boisé chargé de cognac et de vétiver.
Côté fruits on est sur le jaune (prune, abricot à peine mûr). Le chocolat à dessert noir amène un peu de velours, donnant encore un peu plus de consistance à l’ensemble.
L’alcool a eu le temps de s’assagir, et son intégration est très bonne. Il conserve juste ce qu’il faut de peps.
La finale est moyennement longue, mais très agréable, sur le bois blanc et la réglisse.

Conclusion :
Un profil olfactif qui sort un peu des standards Bielle, reléguant les habituels marqueurs au second plan, et qui m’a beaucoup plu par sa fraîcheur et sa gourmandise.
La bouche est un peu plus classique, mais ne trahit pas non plus les impressions ressenties au nez.
RVMG 2012 – 13 ans – 53,8° :


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Un mélange de canne fraîchement coupée et d’herbe séchée, porté par l’acétone, pour lancer les débats .
Ça sent le chêne vieux imprégné de vanilline, la réglisse douce et la cassonade.
On perçoit également des traces de menthol, et de pâte d’amande.
Quelques zestes d’oranges confits émergent avec l’aération, ainsi que le bonbon au caramel beurre salé.
Le fruité s’intensifie au fil du temps avec un peu d’ananas.


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La consistance est d’emblée sirupeuse, très ronde, tiède presque chaude.
Les fruits à coque prennent les devants, avant de s’effacer devant le boisé très gras et la réglisse peu sucrée.
On est en face d’une belle présence de fruits exotiques (ananas, mangue bien mûre).
Ces fruits deviennent confits, se mêlent aux orangettes.
La finale est longue, huileuse, démarre sur le chocolat et se termine avec une jolie touche mentholée.

Conclusion :
Le nez est un peu fermé au départ, mais s’ouvre après une bonne demi-heure à s’aérer dans le verre. Il s’enrichit, s’homogénéise et s’équilibre.
La bouche est intense, les arômes sont profonds et fondus.
On sent la maturation (et la maturité).
Très très beau rhum !


Comparatif à chaud :
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Au départ, j’ai préféré le nez du 2014 qui m’a surpris par sa fraîcheur et la douceur apportée par la réglisse. Un profil un peu a part, que j’ai adoré.
Avec l’aération, le nez du 2012 s’est affirmé, il est devenu plus riche et plus intense, tandis que celui du 2014 n’a que peu évolué.
De ce fait, après aération ça s’est équilibré … mais je crois tout de même que ma préférence (ce jour en tout cas) va au nez du 2014, peut être plus facile d’accès, et dont les composantes me semblent davantage en cohérence les unes avec les autres, quand le 2012 me semble plus complexe et moins homogène. Peut être plus « classique » aussi.
Deux jolis nez en tout cas …
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On n’est pas tout à fait dans la même catégorie.
Il y a beaucoup plus de corps dans le 2012.
Le 2014 est très chouette mais le 2012 raconte plus de choses, il est plus charnu, plus intense, plus gras, plus rond.
Les deux nécessitent une belle aération, et méritent le détour.
Belle sélection !


Et sinon, on en parle des étiquettes réalisées par Bastien ?
Elles sont juste magnifiques et ça ne peut que parler aux amoureux de la Galette.