Savanna – Collection Métissage – Canton – 2007 – 12 ans – 55,1°

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4ème embouteillage de cette série Métissage, le Canton rend hommage aux esclaves chinois venus compenser la pénurie de main d’œuvre dans les plantations de canne à sucre réunionnaises, après l’abolition de l’esclavage des Africains en 1848.

Des travailleurs chinois, principalement originaires de la région du Fujian, ont été importés sous des contrats de travail, souvent frauduleux et coercitifs.

Détail de Travailleurs libres aux iles Mascareignes. Bos, G.. 19e siècle. Musée historique de Villèle

Bien qu’on parle de « travail libre », les conditions de vie et de travail étaient extrêmement dures, et nombreux étaient ceux qui étaient trompés ou capturés. Ces travailleurs ont vécu dans des conditions proches de l’esclavage, subissant abus et exploitation. Ce système a persisté jusqu’à la fin du XIXe siècle, après quoi les descendants des Chinois restés sur l’île ont continué à lutter pour s’intégrer dans la société réunionnaise.

Pour ce qui est du contenu, il s’agit d’un rhum traditionnel de mélasse distillé en 2007, vieilli sur place (fût n° 969) pendant 12 ans, avant un finish en fût de Moscatel. Embouteillé brut de fût en 2019 à seulement 300 exemplaires, il titre à 55,1°.

👃🏻 :

Ce qui frappe en premier, avant même que les premières molécules atteignent l’épithélium olfactif, c’est la couleur acajou de ces quelques centilitres.
Mais très vite, c’est toute la pièce qui est envahie, tout d’abord par le caramel au lait, la cerise bien mûre, l’abricot, la figue et le raisin secs.
En restant un peu le nez dedans, on capte la citronnelle qui stagne au fond du verre.
Je dois l’avouer, le côté pâtissier et fruité est presque « trop », et je me demande à cet instant si le finish en fût de Moscatel n’a pas exagérément marqué ce rhum.

Une petite demi-heure à continuer de le humer tout en écrivant ces notes (oui, j’écris en général « en live »), et je modère mon impression précédente.

Soit je me suis habitué, soit l’exubérance de fruits secs et de sucre s’est un peu calmée, et l’on vient alors sur des notes plus douces d’épices et de boisé fondu, avec un chocolat au lait aux raisins secs et aux agrumes confits.

(Tiens, allez, j’ai trouvé ça )

👅 :

En bouche, l’impression sirupeuse, fruitée et sucrée se prolonge.
La figue sèche et la datte se présentent juste avant les arômes empyreumatiques de bois imprégné d’armagnac, de vanille grasse, de mélasse noire et épaisse.
L’amertume qui en résulte éteint assez vite le caramel et les fruits rouges trop mûrs.
Le chocolat est également noir et amer, les agrumes se résument à leurs écorces confites.
La finale est un mélange de zestes de citrons, de cacao amer et de cerises griottes baignées dans l’armagnac.

Conclusion :

Ce nez est plus complexe qu’il n’y paraît.
Il évolue, s’enrichit, ses défauts s’estompent et l’impression finale est très bonne.
La bouche me laisse hésitant. Je n’arrive pas à m’emballer malgré un profil riche et peu conventionnel.
Ce qui est certain c’est qu’on ne s’ennuie pas.

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