Lorsque l’on associe le nom de ma distillerie de cœur, Bielle, et celui château Yquem, cet ovni dans le monde du Sauternes, comment ne pas céder à la tentation ?
Nous sommes ici en présence d’un Bielle 2012 vieilli 6 ans (*) en fût de ce Sauternes majestueux, propriété du groupe LVMH et dont le château fut longtemps géré par Alexandre de Lur Saluce.
Une distillation traditionnelle en colonne, un vieillissement 100% tropical avec 16% de part des anges, et au final ce sont 307 bouteilles qui ont été mises sur le marché par Excellence Rhum.
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Les agrumes prédominent l’entame : citron vert, écorces d’oranges confites, suivis de près par l’ananas bien mûr.
Le fût a laissé une empreinte qui se traduit au nez par la noix de muscade et la vanille légère.
Si l’on ajoute une légère couche de cire, un soupçon de toasts beurrés, un petit carré de chocolat au lait et une pointe d’eucalyptus, je crois qu’on est à peu près complet.
Ce nez est magnifique, sans être exubérant.
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Une entrée en bouche avec du peps !
Bien moins sage que le nez ne le laissait paraître.
Le gingembre accompagne les oranges confites.
Le boisé est bien plus présent ici. La vanille est plus sombre, plus grasse aussi.
Chocolat et réglisse alternent ensuite avec le poivre et la muscade.
La finale est longue, puissante, mêlant à la fois le côté empyreumatique du bois légèrement noirci et la fraîcheur de cet eucalyptus qui ne s’éloigne jamais bien loin.
Conclusion :
On ne peut pas gouter ce rhum sans faire le rapprochement avec le RhumRhum Libération 2012 : même distillerie, embouteillé en 2012 après un vieillissement de 5 ans en fût de … Yquem !
De là à imaginer une réutilisation des mêmes fûts après la libération de la cuvée éponyme … il n’y a qu’un pas !
Je considère cet embouteillage comme mon premier vrai « craquage », à l’époque où c’était sorti.
Mais le ramage est à la hauteur du plumage, clairement.
6 ans, ça peut paraître un peu jeune pour un Bielle, mais rappelez vous que le Brut de Fût 2012-2018 était déjà très abouti.
Si cela sortait aujourd’hui, nul doute qu’il ne serait pas simple d’en acheter une.
(*) Distillé en novembre 2012, et embouteillé en avril 2019, soit 6 ans et 5 mois.