Bielle – 2019 – 4 ans en fûts de Chambord – 45°

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En 2023 chez Bielle, ont été embouteillées 2 cuvées vieillies en fût de chênes de la forêt de Chambord.

La plus répandue, précédemment goutée (voir ici) était issue d’une distillation réalisée en 2020.

Celle qui fait l’objet de cet article a été distillée un an plus tôt, en 2019, et a été réduite à 45° avant embouteillage, à 300 exemplaires. Ce petit tirage était réservé aux partenaires et n’a de plus pas été commercialisé, à l’image du canne grise vieux. Ce qui explique son déficit de visibilité par rapport à sa sœur (commercialisée à 1250 cols).

👃🏻 :

On ne sera pas surpris par ces premières effluves chargées de fruits à coque et de vanille douce. La noisette domine les amandes et les cacahouètes salées.
Une petite touche végétale, légèrement fumée, flotte au dessus.
Côté fruits c’est un peu chiche : seule la mangue m’est perceptible dans ces premiers instants.
Peu à peu, le chocolat fait son apparition, plutôt au lait et sucré.
Quelques solvants donnent une sensation de fraîcheur à l’ensemble.
Ce nez va peu à peu gagner en intensité, mais la palette reste très centrée sur le profil de départ.

Chai Paradis – Crédit Photo : https://www.whorhumtheworld.com/post/visite-de-la-distillerie-de-rhum-bielle-bielle-1994-17-ans-52

👅 :

Un profil très végétal se dessine à la première gorgée. De la canne, bien sûr, mais pas seulement. Cela penche un peu sur l’herbe fraîche mais également le foin.
Pour le coup, si le bois s’était fait très discret au nez, là il est beaucoup plus présent, mais sous la forme légèrement brûlée.
Les fruits à coque sont bien sûr également de la partie : un mélange de noisettes grillées et de cacahouètes (ce qui paraît logique !).
Cela fait pourtant un bon moment qu’il s’aère dans le verre et pourtant je lui trouve un manque d’homogénéité certain : une sensation plutôt aqueuse en entrée en bouche, mais une finale beaucoup plus huileuse.
Un signe, selon moi, qu’il faut lui laisser davantage de temps dans le verre.

Et c’est effectivement le cas, une demi-heure plus tard, soit près d’une heure après avoir servi ces quelques petits centilitres.
Les arômes se concentrent. Le boisé devient plus profond, plus gras. Il en perle du bourbon et du zeste de pamplemousse jaune.
La finale s’allonge également, elle démarre sur l’amertume du bois calciné, se caramélise un peu, puis s’éteint lentement sur la réglisse et une fine pellicule d’huile d’arachides.

Conclusion :

Un nez sympa, gourmand, mais peut être un peu simple.
If faut dire qu’avec ce à quoi nous a habitué Bielle, je deviens difficile, j’avoue.
Même s’il gagne en puissance au fur et à mesure, je pense aussi que la nature même du chêne français a tendance à « contenir » les parfums, quand le chêne américain les décuple.
Et le constat se répète pour la bouche, tout au moins au départ : la rondeur est appréciable, mais au final elle peut être préjudiciable selon ce que l’on recherche.
C’est déjà ce qui était ressorti de ma dégustation du 2020 dans ce même type de fûts.
Par contre, il se renforce de manière très significative avec l’aération.
Les différentes composantes semblent se mettre en phase les unes avec les autres.
En mécanique ondulatoire, on parlerait de résonance.
De ce fait, il compense largement un départ timide, mais il faut vraiment lui laisser le temps, sous peine de passer totalement à côté.