
Il s’agit bien entendu d’un rhum agricole, distillé en colonne à partir de vesou (jus de canne pressée), et lentement réduit sur place à partir d’eau de pluie, jusqu’à 59°.
Je me suis toujours dit qu’il serait intéressant de voir ce qu’un vieillissement tropical donnerait : Voila chose faite avec cet embouteillage du fût n°879, dans lequel a vieilli pendant 4 ans dans les chais de la maison Bielle, un jus distillé en 2018.
L’embouteillage s’est effectué au degré naturel du fût.
Oui … le rhum mis en en vieillissement n’a rien perdu de son taux initial d’alcool en 4 années de vieillissement tropical … un mystère dû à Mère Nature, apparemment.
En tout cas, c’est la réponse « officielle » qui a été donnée à ceux qui ont posé la question auprès de la distillerie.
Mouais …
L’explication viendrait d’une atmosphère particulièrement sèche dans le chai, induisant une perte d’eau plus importante dans la « part des anges », ceci ayant donc pour conséquence le maintien, voire l’augmentation, du taux d’alcool.
Toujours est-il que 380 bouteilles numérotées de 50cl seulement ont été produites, et ne devaient pas être commercialisées, mais faire l’objet de cadeaux aux partenaires.
Certaines se sont tout de même retrouvées à la vente, mais à un tarif trop élevé pour que je cède. Je me contenterai donc pour le moment d’un sample … (merci à celui qui a splitté sa bouteille).

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La première impression est celle d’un boisé fondu et doucement vanillé.
La térébenthine intensifie les fruits à coque, où la noisette se taille la part belle.
Un mélange de canne fraîche et de foin caractérisent le profil agricole.
En arrière plan, les fruits confits et les agrumes.
Une douceur chocolatée se répand peu à peu, comme un nuage de poudre de cacao.
Tout ceci est très homogène, et rien ne dépasse.
Rien ici ne pourrait laisser imaginer que ce rhum n’a vieilli que 4 années.
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L’attaque est curieusement un peu vive, légèrement piquante.
À peine deux secondes sur la cassonade et le zeste d’orange prend le lead, installe une amertume qui va accompagner la gorgée jusqu’à la finale.
Il semble s’opérer une réaction chimique qui réchauffe le liquide quelques secondes après l’avoir porté en bouche.
Le bois est ici plus présent, puissant, et à la fois très gras. Il se carbonise un peu au fur et à mesure.
Côté fruits, on balance entre raisins secs, dattes sèches, abricots secs et agrumes.
C’est riche, charnu et intense. Et il gagne en équilibre au fur et à mesure.
La finale est vraiment longue, sur les zestes d’agrumes, le bois légèrement charbonné, le foin et une touche de réglisse.

Conclusion :
Un nez superbement équilibré, avec tout ce que j’aime chez Bielle.
Sa jeunesse se ressent au départ un peu en bouche, ou l’équilibre n’est pas parfait.
Mais c’est juste histoire de lui trouver un défaut, car après une bonne heure dans le verre, je n’ai plus rien à lui reprocher.
Non, vraiment une belle réussite, mais il faut dire aussi que la base de départ était solide avec ce monovarietal.
J’espère sincèrement qu’ils poursuivront ce type d’expérience avec la canne grise.
