C’est grâce à Gaston, animateur et administrateur du groupe Facebook Passion Rhums Bielle et surtout grand connaisseur de cette distillerie, que j’ai pu récupérer ce sample de ce jus, distillé en 2020.
Il a vieilli (le rhum, pas Gaston !) en fûts de chênes issus de la forêt de Chambord, ce qui constitue une grande première dans le monde des rhums.
Un vieillissement tropical, dans le Chai du Paradis, au sein même de la distillerie marie-galantaise.
Il a été embouteillé en 2023 à 1250 exemplaires, et à 53,9°.
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Le premier mot qui me vient à l’esprit en mettant le nez dans mon verre à peine servi, c’est « rondeur ».
Un léger végétal fumé qui se fond très vite dans les écorces d’orange, la vanille, la compotée d’abricots.
C’est la première fois chez Bielle que je ressens au nez ce profil végétal fumé que je trouve un peu âcre. C’est léger, et cela disparait assez vite avec l’aération.
On reste alors sur des effluves de colle qui recouvrent une corbeille de fruits : ananas, abricots, mangue bien mûre …
Le boisé est doux, tout comme les épices.
On s’oriente alors vers un profil pâtissier, comme une brioche au beurre, fourrée à la confiture.
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Le jus est gras et épais, légèrement poivré, et les épices sont intenses. On est presque sur de l’extrait de vanille concentré.
Les fruits exotiques sont présents sous forme de compote. L’ananas est caramélisé, quasiment brûlé.
On croque dans des orangettes, ces écorces d’orange confites sucrées, laissant une petite amertume en bouche, de celles qui donnent envie d’y revenir.
On retrouve également le côté pâtissier avec de la pâte feuilletée, des noix torréfiées et un peu de chocolat noir.
La finale est moyennement longue, l’amertume du chocolat noir basculant lentement vers la réglisse.
Conclusion :
J’ai déjà eu l’occasion de pouvoir comparer les effets d’une essence de bois par rapport à une autre.
Je pense notamment aux HSE 2007 : chêne français des Vosges versus Chêne américain de la forêt d’Ozark.
Ou encore, plus récemment, à la dégustation parallèle, toujours chez HSE, des millésimes 2015 vieillis en fût de chêne de la forêt Montpensier et en fût de chêne de la forêt de Chantilly (Bordeaux Rhum Festival 2024).
Là encore, le chêne français apporte quelque chose de différent par rapport au chêne américain : un fondu plus doux, un boisé moins prégnant au final.
L’alcool s’en trouve encore mieux intégré je trouve.
Au final, il parait plus vieux que son âge (3 ans) mais si l’on retrouve les marqueurs Bielle traditionnels, il manque peut être d’un peu de profondeur aromatique. Il manque ce peps, ces arômes qui éclatent en bouche, portés par l’alcool et un boisé brut.