Masterclass DBM

En ce vendredi 07 novembre, direction l’incontournable Clos des Spiritueux pour une Masterclass organisée autour des produits de la Distillerie Bonne-Mère, un acteur guadeloupéen dont la communication, plutôt réussie il faut l’avouer, ainsi que sa pratique de tarifs plutôt « raisonnables », lui permettent de gagner de plus en plus en visibilité et en reconnaissance.

Mon premier « contact » avec les produits de cette distillerie n’a pas été très convaincant (voir ici), mais je ne veux pas rester sur cette première impression mi-figue mi-raisin.

Un peu d’histoire sur cette maison … mais je n’ai aucun mérite, j’ai pas bossé, je la tire directement de leur site web (ici).

La Distillerie Bonne-Mère

La Distillerie Bonne-Mère est issue d’une habitation sucrière dont les origines remontent à la fin du XVIIIème siècle.
En 1863, une unité sucrière et rhumière est inaugurée.
Un siècle plus tard, l’année 1973 voit une réorganisation pour ne se consacrer depuis lors qu’à la production de rhums traditionnels et d’alcools.
Intégrée au Groupe La Martiniquaise depuis 1998, notre distillerie est aujourd’hui l’une des plus importantes distilleries de rhum traditionnel des Antilles. Nous possédons un chai de vieillissement de près de 10 000 fûts en chêne ce qui en fait l’un des plus grands chais des outremers.
Nous nous sommes engagés dans un ambitieux programme de modernisation axé sur l’efficacité énergétique et la réduction de notre impact environnemental, tout en conservant l’intégrité de nos méthodes de production ancestrales.

L’origine de la marque DBM

C’est dans un écrin de nature, entre les montagnes du Nord Basse Terre, la Grande Rivière à Goyave et le Grand Cul de Sac marin, au pied de la forêt tropicale, que nous élaborons pendant de longues années nos meilleurs rhums traditionnels.
L’année 2024 marque un tournant pour notre distillerie. Historiquement dédiée à la distribution en gros, la marque DBM a été officiellement déposée, célébrant son héritage, en mettant en avant non seulement ses spiritueux, mais également son riche patrimoine industriel.
Sous la direction de son maître de chai, la distillerie sélectionne soigneusement ses meilleurs fûts pour vous offrir une gamme de rhums mémorables. Avec le lancement de ses propres rhums, fruit de plusieurs décennies de savoir-faire et de passion, DBM renforce sa présence sur la scène internationale tout en célébrant son histoire et ses traditions.

Notre emblème

La zone humide, où se situe notre distillerie, au plus proche de la forêt tropicale est propice à la maturation et à l’élevage de nos rhums mais aussi à la rencontre nocturne de coléoptères dont le plus gros du monde, le Dynaste Hercule ou « scieur de long » peut atteindre 17 cm de long et 20 cm d’envergure en vol !


Totalement inoffensive, c’est une espèce protégée endémique aux Petites Antilles. Emblème de notre distillerie, on peut parfois le croiser à Bonne Mère lors de ses vols nocturnes…
Cet emblème symbolise la volonté de la distillerie de s’enraciner durablement dans l’économie locale et de contribuer au rayonnement de la Guadeloupe. Fidèle à son engagement pour la qualité et l’authenticité, Bonne-Mère continue à promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement, tout en consolidant son rôle de leader dans le secteur des spiritueux guadeloupéens.
La Distillerie Bonne-Mère vise à prouver qu’il est possible d’allier tradition et innovation tout en préservant la nature. L’ensemble des équipes s’engage à transmettre un héritage durable aux générations futures, faisant de la distillerie Bonne-Mère un acteur clé de la transition écologique en Guadeloupe !

La cérémonie est évidemment présidée par Thibault (aka Caroni pour les habitants de Verdansk !), et c’est Julien Picot, le directeur général de la maison DBM himself, qui officie, secondé par Rodolphe, représentant Premium Craft Spirits.
A noter que la distillerie s’est octroyé les services de Marc Sassier (responsable de la production de St James et président de l’A.O.C. Martinique) pour l’aider à sélectionner et assembler ses jus.

  • DBM – ESB :

On commence par cet ESB (élevé sous bois), vieilli 2 mois en foudres de chêne du domaine Courcelles, puis 24 mois en fûts de chêne Américain, avant d’être réduit à 43°.
👃🏻: Très light. Boisé très doux, caramel.
👅 : Rond, caramélisé, fruits à coque, bâton de réglisse. Très peu de longueur, voire pas du tout.
Une sortie prévue en avril 2026 à une trentaine d’euros …

  • DBM – VO – Cuvée Elvira :

Un assemblage de 3 rhums de 3 à 7 ans vieillis en fûts de chêne américain, réduit à 43°.
👃🏻: Bâton de réglisse, caramel doux, amandes, vanille
👅 : Joli boisé, vanille, caramel. Finale très très courte.
Consistance un peu aqueuse, mais agréable.

  • DBM – VSOP – Cuvée Enora :

Assemblage de rhums de 4 ans (vieillis en chai humide) et de 5 ans (vieilli en bord de mer), toujours réduit à 43°.
👃🏻: Végétal, orangettes, vanille, boisé doux
👅 : Vanille, orangettes, boisé doux, pamplemousse, légère salinité.

Pas fait pour moi, je m’ennuie clairement.

  • DBM – XO – Cuvée Eden :

Assemblage de rhums entre 6 et 16 ans, toujours réduit à 43°.
👃🏻: Epices, citron confit, vanille.
👅 : Boisé plus profond, vanille plus intense, chocolat noir, longueur moyenne.
La consistance est plus sirupeuse, les arômes plus marqués, mais je reste tout de même globalement pas emballé, notamment à cause de cette réduction un peu forte à mon goût.

  • DBM – Carafe 1863 :

Une carafe qui est venue célébrer le 160ème anniversaire de la distillerie. Un assemblage des 4 millésimes les plus prestigieux, âgés de 16, 20, 22 et 23 ans, toujours à 43°.
👃🏻: Citronné, réglisse, fruit à coque, colle à tapisserie.
👅 : Réglisse, boisé doux, vanille.

Encore une fois, c’est « joli », mais trop réduit à mon goût.

  • DBM – Brut De Fût – 16 ans :

Distillé en 2007, filtré et embouteillé à 60,2°
👃🏻: Réglisse douce, vanille, citronné, angélique.
👅 : Rond, vanille intense, boisé doux, orange sanguine

Déjà nettement plus intéressant à son degré naturel à la sortie du fût, mais il pêche encore par une finale assez courte.

  • DBM – Brut De Fût – 20 ans :

Distillé en 2003, filtré et embouteillé à 58,7°
👃🏻: Frais, vanille intense, réglisse, orange sanguine, angélique.
👅 : Bois précieux, vernis, chocolat noir

Sans doute le plus réussi à mes yeux. Le plus abouti, le plus homogène avec une belle intensité aromatique.

  • DBM – Brut De Fût – 23 ans :

Distillé en 2000, filtré et embouteillé à 58,2°
👃🏻: Nez plutôt plat, badiane, légèrement herbacé.
👅 : Vernis, vanille intense, boisé équilibré, belle longueur.

Dommage que le nez soit si inexistant. Peut-être aurait-il mérité davantage d’aération pour s’exprimer ?

  • DBM – Brut De Fût – 25 ans :

Echantillon issu d’un fût toujours en cours de vieillissement, à 57°.
👃🏻: Intense, réglisse, angélique, bois précieux, vernis, chocolat noir.
👅 : Consistance sirupeuse, vanille profonde, boisé fondu, caramel au beurre salé.

Il aurait pu décrocher mes faveurs, mais hélas, il n’a aucune longueur et disparait aussitôt.

  • Darboussier Hors d’Age – Années 1970 / 1980 :

Un peu d’histoire de la Guadeloupe dans nos verres, avec ce hors d’âge de la maison Darboussier, fermée (*) dans les années 1980, et dont les derniers hectolitres produits ont été acquis par le domaine de la distillerie Bonne-Mère.
Assemblage de 25 ans, environ 55/56°
👃🏻: Rancio, colle à tapisserie, vanille
👅 : Epices, menthol, colle à tapisserie, sirop de sucre.

Quand il s’agit d’un morceau d’histoire, tout de suite le rhum en devient meilleur, non ?
Ou alors c’est juste qu’il est très bon tout court …
(*) Une autre marque Darboussier existe aujourd’hui, sans qu’il s’agisse du même domaine.


Conclusion :

Merci à Thibault du Clos des Spiritueux, pour cette organisation aux petits oignons, et aux potes présents ce soir (pensée aux absents).

Bon, je vais être honnête, et cela ne remet pas en cause le travail fourni, mais je n’ai pas été emballé. On est sur un rhum traditionnel distillé et vieilli dans une île des Antilles Françaises … Quand on a dit ça, on a déjà une bonne idée de ce à quoi s’attendre.
A voir s’ils se testent un peu avec des fermentations plus longues, ce que ça peut donner, mais pour le moment, je passe mon tour.

Quelques petites remarques …

1 – S’il y a une constante dans les retours ci-dessus, c’est bien la légèreté, voire la transparence du nez. Et les doses servies (de l’ordre du demi-centilitre !) n’ont pas aidé. Je sais bien que nous étions nombreux à cette soirée, mais si c’est pour systématiquement passer à côté d’une partie de la dégustation, c’est un peu dommage.

Dose maximale !

2 – A plusieurs reprises au cours de cette soirée, il a été répété que DBM était la seule, la dernière distillerie des Antilles Françaises à produire du rhum traditionnel (à partir de mélasse). C’est inexact puisque les rhums produits par la distillerie du Galion (et notamment son Grand Arôme) sont évidemment produits à partir de mélasse également.

3 – Et enfin, il a été dit également à plusieurs reprises qu’aucune distillerie des Antilles Françaises n’utilisait un autre appareil de distillation qu’une colonne à étages … Il n’aura pourtant échappé à personne que la distillerie Bielle utilise encore son alambic Muller, notamment pour la seconde distillation de ses rhums « Premium », et qu’il est également utilisé par RhumRhum / PMG.

J’avoue que lorsque la soirée démarre ainsi, cela décrédibilise un peu le discours qui suit. Dommage …