A l’heure où le nouvel embouteillage « Unshared for Germany » est en chemin pour arriver dans ma cave, c’est l’occasion de revenir sur la version précédente, appelée « La Murène » dans le milieu. (Ça aurait fait un bon nom de méchant dans un film de Pierre Granier-Deferre, selon un scénario d’Auguste Le Breton et des dialogues d’Audiard).
Un rhum qui est en fait un blend entre un traditionnel (de mélasse) et un HERR (High Ester Rhum Réunion).
Distillé en 2016, vieilli sur place pendant 6 ans en fut (#25) de chêne français ex cognac, et embouteillé en décembre 2022 brut de fût, à 768 exemplaires.
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L’approche est fraîche, fruitée, presque acidulée.
Une légère note d’anis qui vire assez vite au bonbon Arlequin.
Je bascule ensuite sur un petit côté tarte aux prunes assez surprenant.
La saumure et l’olive verte viennent parapher l’ensemble et nous rappellent que le verre contient également une petite proportion de HERR.
Mais un HERR plus pâtissier que chimique … les connaisseurs voient ce que je veux dire.
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Une entrée en bouche plutôt chaude et poivrée, où les esters s’imposent au départ, mêlant le bonbon Arlequin, l’olive verte et la saumure. On s’y attendait.
Il est vif, s’accroche au palais et y laisse une trace boisée, presque huileuse.
On égrène ensuite les fruits exotiques très mûrs (mangue, kaki, ananas), mais également fraise, prune jaune, poire …
Malgré tout, ce profil fruité ne perdure pas très longtemps en bouche, et l’on revient assez vite vers la trame HERR qui constitue la colonne vertébrale de cet Unshared Cask.
La finale se construit entre saumure et caramel, tout en laissant une agréable sensation de fraîcheur anisée.
Elle est évidemment très longue.
Conclusion :
Le nez est vraiment très sympa.
Il compose magnifiquement avec les 2 trames Trad/HERR, dans des proportions qui me conviennent bien.
Il pêche un peu par jeunesse en bouche, mais reste très intéressant.
Les arômes manquent un tout petit peu de profondeur, ou du moins j’aurais aimé les voir un peu plus puissants.
Avec quelques années de vieillissement de plus, peut être aurions nous eu une vraie bombe aromatique.
Cela dit, cette expérience aura confirmé tout le bien que j’avais entendu et lu à son sujet : Deutsche Qualität.
Note personnelle :
Ce matin, j’ai dit au revoir à quelqu’un qui a beaucoup compté pour moi.
Lorsque j’ai perdu mon père, il a été là, et pas seulement en tant que président de mon club.
Une gestion associative très paternaliste, une bienveillance et un dévouement rares, une stature, une voix, une figure.
À toi, Marcel Bordis … Adishatz !